Gran’ mère Kal

2001
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Novembre commence par la Toussaint. Et la veille de la Toussaint (Halloween en vieil anglais) est le jour des morts, le temps propice pour se faire peur. Il y a bien longtemps, quand les premiers hommes arrivèrent à la Réunion, les loups, les ogres, sorcières et autres professionnels de la peur n’avait pas fait le voyage avec eux. C’est donc une dame de l’île, Gran’ mère Kal, qui allait prendre ce rôle. Aujourd’hui encore, elle rode toujours dans l’île et terrorise les enfants.

Kriké Kraké (aujourd’hui disparu) nous explique que le jeu Gran’ mère Kal, kèl hèr i lé ? remplace le loup y es-tu ? de métropole. Le site rando-réunion (lui aussi disparu) nous en raconte une version de l’époque des grandes plantations et du marronnage ou un esclave marron de la mère Kal va fonder Mafate. Enfin, l’association kèlèrilé? a créé le site de la Gran’ mère Kal (disparu avec Guetali) illustré d’images 3D lugubres et colorées. Il ne faut pas aller sur ce site après minuit.

Les histoires de Grand’ mère Kal

Ces sites ayant disparu, je dois vais donc essayer de vous raconter l’histoire de grand’ me Kal ici. En fait il y a plusieurs histoires de grand’ me Kal. Comme toute zistwar (conte) qui se réinvente avec chaque conteur.

C’est l’histoire d’une esclave africaine nommée Kala qui vivait à Mahavel, aux abords de Bois-d’Olives, au nord du centre-ville de Saint-Pierre. Ses connaissances des plantes ont fait d’elle une guérisseuse ou du moins c’était une esclave qui avait une certaine influence sur ses maîtres autant que les autres esclaves. Les histoires varient sur sa destinée souvent tragique comme l’était la vie des esclaves en ce temps-là.

Des histoires disent qu’elle était violée, volée ou torturée par son maître avant de finir comme beaucoup de ses congénères, jetée dans un trou sans prière ni rituel. D’autres histoires raconte qu’ayant perdu son enfant dans une ravine ou dans le Bassin 18, elle recherchait la compagnie d’autres enfants et leur faisait subir le même sort. Une autre histoire raconte comment cette esclave avant la garde du fils de son propriétaire qui s’est noyé près de Ravine Blanche et que désespérée elle l’a suivi dans les flots et s’est fait emporter. Seule sa voix appelant les enfants continue d’être entendue le soir.

Certaines histoires ne parlent pas de l’esclave Kala et le rôle de la sorcière est tenue par une méchante propriétaire qui met fin à des tentatives de marronnage en massacrant ses esclaves. Une autre légende fait d’elle une femme simple qui vivait seule dans une case et invitait les voyageurs à venir boire un coup chez elle avant de les dépouiller de tout leur argent et de les précipiter dans le fond de la Ravine des Cafres avec la complicité de brigands.

Qu’importe l’histoire que vous retiendrez ou que vous inventerez, il en sera toujours une qui saura faire peur aux marmailles dans la fénoir. Mais attention ! Ne dites jamais "GranMerKal Kélérilé" à minuit moins 3 secondes, il pourrait vous arriver un malheur.



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