La lumière dans le fénoir ou les jours de la nuit

2023
← Freddy, le cyclone le plus long du monde
Internet par satellite →
 

Quand il fait noir, on allume la lumière. Quand les jours raccourcissent il fait plus souvent noir alors on allume la lumière plus longtemps. Ce réflexe hivernal (c’est l’hiver à la Réunion) a parfois des effets nocifs sur la nature environnante. Une campagne propose d'éteindre la lumière et rester dans le fénoir noir.

Et la lumière fut

Quand vient la nuit, c’est pas toujours l’heure de dormir. Les intérieurs s’allument à la bougie d'abord puis depuis l’arrivée de l’électricité au XXᵉ siècle les lampes et les écrans baignent les maisons de lumière. Les rues aussi profitent de l’électricité et sont éclairées parfois toute la nuit. L’éclairage de nuit prend le relais des activités économiques consommatrice d’électricité le jour ce qui lisse la courbe de production électrique qui n’est pas facilement modulable. En plus l’éclairage des rues apporte une meilleure visibilité pour les automobilistes piétons et autres vélos et donc une meilleure sécurité sur la route. Le sentiment de sécurité est partagé pour les voisinages où la lumière semble éloigner les voleurs bien que l’impact de la l’éclairage public sur les cambriolages n’a jamais été prouvé.

Enfin, l’éclairage électrique permet d’utiliser les équipements sportifs de plein air à tout moment alors que l’hiver nous obligerait à délaisser ces équipements une grande partie de l’année. Bref, à part la facture d’électricité, tout justifie les bienfaits de l’éclairage artificiel. Mais c’est peut faire de cas sur les effets de cet éclairage sur le métabolisme humain et sur la nature en général. Cet impact de la lumière artificielle est prise en compte depuis peu de temps dans le monde comme à la Réunion. Il y a quelques années, Yabalex nous a parlé des lampadaires qui troublait l’envol des jeunes pétrels de Barau. Depuis peu, les agents du Parc National de la Réunion organisent des actions de sensibilisation. Le site les Jours de la Nuit est au cœur de ce dispositif.

Lunette astronomique prise de nuit avec un ciel étoilé formant un cercle à l’arrière-plan
Paysage de ciel étoilé à l'observatoire astronomique de la plaine des Makes. Photo CC-BY-NC-ND Samuel Challéat / Observatoire de l’environnement nocturne / CNRS. L’impact de l’éclairage extérieur est souvent souligné par les observateurs du ciel.

Et la lumière devint pollution lumineuse

L’impact de la lumière sur notre métabolisme est facile à tester, lire un livre papier permet de trouver le sommeil alors que lire sur un écran de téléphone empêche de trouver le sommeil. Les fabricants de téléphone ont d’ailleurs introduit un mode nuit pour réduire de problème. L’impact de l’éclairage extérieur est souvent souligné par les observateurs du ciel. Ils parlent de pollution lumineuse qui réduit leur possibilité observation car à cause de la lumière, ni l'œil ni les appareils d’observation n’arrivent à distinguer certaines étoiles moins lumineuses. Ainsi, seul 20 % de l’humanité peut observer la Voie lactée selon la revue américaine ScienceAdvances.

L’impact de la pollution lumineuse était encore peu connu il y a seulement quelques années. Le premier atlas mondial de la lumière artificielle est né en 2001 grâce à des scientifiques qui ont commencé à mesurer cet impact. Ils sont à l’origine de ces cartes qui montrent entre autres que les Mascareignes sont des îles bien plus impactées que leur grande sœur Madagascar.

carte du monde sombre avec des hautes couleurs montrant un haut niveau de lumière artificielle surtout dans les grandes métropoles et les pays du nord.
Carte de l’impact de la pollution lumineuse dans le ciel de la nuit. La légende des couleurs est disponible dans la table 1 de l’article.

carte de l’Afrique sur fond sombre avec des hautes couleurs montrant un haut niveau de lumière artificielle surtout dans les grandes métropoles autour de Dacca Le Caire et le Cap.
Carte de la luminosité artificielle dans le ciel de l’Afrique. Les grandes Métropoles comme le Caire et Dacca sont bien visibles mais les Mascareignes ne sont pas dans le noir malgré leur petite taille. La légende des couleurs est disponible dans la table 1 de l’article.

Observatoire réunionnais du fénoir

En France, il faut attendre 2013 pour voir la création du collectif Renoir puis de l’observatoire de l’environnement nocturne autour de plusieurs acteurs sous l'impulsion du CNRS. Ses observations on déjà conduit à la création d’une zone protégée de lumière autour du Pic du Midi et de son observatoire.

L’observatoire de l’environnement nocturne concentre ses travaux dans trois grandes régions : Les Pyrénées, le Massif Central et la Réunion. Cette dernière, seule région d’outre-mer de la liste, regroupe deux programme distincts qui se complètent. Le premier est l'observatoire réunionnais de l’environnement nocturne (OrEN) pour lequel le CNRS et l’Université de La Réunion effectuent des recherches et des relevés. Le second est le programme outrenoir, propose une approche multisensorielle en introduisant une recherche sur l’environnement sonore nocturne.

Les deux programmes sont regroupés sous le nom d’observatoire réunionnais du fénoir dont les travaux peuvent être suivis sur le site les jours de la nuit. Avec le Parc national de La Réunion, le département ambitionne d’être le territoire du monde doté du plus grand nombre de capteurs de pression lumineuse. Pour l’instant les capteurs TESS-W pointés vers le ciel sont au nombre de 6 et leurs données journalières sont consultables en ligne.

carte de la Réunion avec zones les plus denses et éclairées la nuit et l’emplacement des 6 premiers capteurs TESS.
carte de la Réunion avec zones les plus éclairées la nuit et l’emplacement des 6 premiers capteurs TESS.

Les données sont enrichies par l’imagerie satellite et des relevés in situ comme la photo de Luc Perrot ci-dessous (qui me rappelle une autre de Tony Defaud ou les lumières venaient du volcan). Des capteurs sonores que le Parc national de La Réunion et ses partenaires comptent mettre en place très bientôt complèteront le dispositif. De plus, le Parc national voudrait compléter ses études par des relevés socio-anthropologiques c’est-à-dire des données concerneront la vie des habitants. Ces relevés prendront la forme d'enquêtes en d’entretiens avec les habitants concernant leurs besoins et ressentis en termes d’éclairage nocturne.

Vue de Cilaos la nuit depuis les au dessus de la ville, les lumières des rues en contrebas éclairent quelques nuages bas dans le noir.
Cilaos dans la nuit avec son éclairage nocturne. Photo : Luc Perrot / © Parc national de La Réunion

Les jours de la nuit

Depuis sa création en 2007, le Parc national de la Réunion a pris de l’importance et cela oblige les habitants à préserver au mieux leur environnement naturel. Il y a évidemment cette charte que 20 communes de l’île sur 24 ont signé avec le Parc national et incite les communes à éviter de dégrader les ressources naturelles. C’est justement dans son volet 2 « Inverser la tendance à la perte de biodiversité » que la charte parle de lutter contre la pollution lumineuse et sonore. En outre, elle souligne que la pollution lumineuse même en dehors des limites du parc ont des impacts sur certaines espèces d’oiseaux qui nichent dans le cœur, citant en exemple les jeunes pétrels de Barau et pétrels noirs (ou bêbete tout en réunionnais) qui perturbés par les lumières artificielles s’échouent en nombre au moment de prendre leur envol.

Mais il n’est pas question d’éteindre la lumière des gens comme ça d’autorité alors qu’elle est utile, pratique et sécurisante (comme j'écrivais plus haut). L’approche est encore une fois de comprendre les usages de la lumière artificielle en allant à la rencontre des habitants. Dans le même temps les agents du parc sensibilisent les habitants aux impacts de cette lumière sur les organismes et sur l’environement deans l'espoir que les habitants songent à changer leurs habitudes. Ce sont les soirées fénoir du nom de la nuit en réunionnais. La dernière soirée fénoir a eu lieu au Brûlé, un quartier de Saint-Denis.

Les soirées sont loin d'être ds conférences expliquant les travaux de mesure de lumière ou la vie des animaux, ce sont des ateliers plutot joyeux ou l'on apprend a jouer avec la lumière et en son absence. Si on éteind les écrans alors on peut faire des contes qui font peur comme celui de Grand mère Kal. On doit évaluer l'éclairage public de notre quartier faisons-le en déambulant en groupe autour des lampadaires. On veut voir l'éfait des éclairages de la ville sur la nature, pourquoi pas le faire lors d'une randonnée nocturne au belvédaire de l'Eden.

Les jours de la nuit ce sont donc tout plein d'activités à faire en groupe ou seuls dès que le soleil se couche. Après, quand c'est à vous de vous coucher, n'oubliez pas d'éteidre derrière vous.



➽ Thèmes abordés : Musées & sites classés · Agences gouvernementales ·


Freddy, le cyclone le plus long du monde

Internet par satellite