La culture du géranium

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De nombreuses espèces animales et végétales ont été introduites à la Réunion par ceux qui s’y sont installés et certaines plantes l’ont été comme débouché économique. Le géranium fait partie de ces plantes que l’on distille pour en extraire le parfum et dont la culture et la distillation s’est largement répandue dans les hauts de la Réunion, en particulier au Tampon et dans les hauts de Saint-Paul au village de Petite France.

Les géraniums qui fleurissent au bord de nos fenêtres ne sont en fait pas les plantes que les scientifiques appellent des géraniums, petite plante sauvage d’origine européenne. Ces géraniums d’ornement, que tout le monde appelle géranium sont en fait des Pelargonium, plantes originaires d’Afrique du Sud et connues en France depuis le XVIIᵉ siècle.

C’est dans la ville de Grasse en Provence, ville mondialement connue pour sa tradition ancestrale de distillation des plantes à parfum, que l’on a eu l’idée de distiller une espèce de ce géranium, le géranium rosat (Pelargonium graveolens) dont le parfum rappelle celui de la rose. Au XIXe siècle les roses du levant commençaient à devenir rares et ce géranium offrait une bonne alternative. Les producteurs de cette plante ont très vite cherché faire pousser cette plante dans des pays plus chauds que la Provence. En effet les géraniums craignent le gel ce qui oblige les producteurs à renouveler les plans tous les ans.

Champ de géranium rosat à la Réunion
Champ de géranium rosat à la Réunion. Photo : Bruno Navez

C’est en Algérie, autour de Bilda et à la Réunion dans les hauts de Saint-Paul que les plantations de géranium rosat ont été développées dès le milieu du XIXᵉ siècle et la distillation était faite sur place. La Réunion s’est forgé un savoir faire qui attirait les parfumeurs de Grasse et du monde entier. Le climat de l’île permet de cultiver la plante toute l’année et produit une huile essentielle de qualité.

Devant le succès de cette culture d’autres pays se sont lancés dans la culture du géranium rosat et la production réunionnaise s’est un peu réduite. L’île reste malgré tout un des plus grands producteurs d’huile essentielle de géranium avec la Chine, l’Égypte, le Maroc et les Comores toutes proches.

La distillation

La distillation est toujours faite de manière artisanale encore aujourd’hui et ce sont le plus souvent les récoltants qui la réalisent.

Ce sont les feuilles et non la fleur qui produit le parfum du géranium et plus précisément les minuscules poils à la surface des feuilles. La récolte a lieu juste avant la floraison, de mai à septembre. Le producteur de géranium plonge donc ces feuilles dans l’eau dans un alambic chauffé au feu de bois. La vapeur essentielle qui s’élève, est conduite par un tuyau qui dépose le condensat dans un autre récipient ou il va être réfrigéré et liquéfié. Il traverse ensuite l’essencier qui va permettre de séparer l’huile et l’eau. Il faut 300 à 400 kg de feuilles pour obtenir entre 0,5 et 1 litre d’huile essentielle.

Aujourd’hui il existe à l’île de La Réunion différentes variétés de géranium avec des parfums très différents : rose, menthe, citron, camphre. Les producteurs se retrouvent dans les lieux de production historiques à Saint-Paul et au Tampon mais aussi ailleurs dans les hauts comme à Saint-Leu. Certains fournissent les grands groupes de produits cosmétiques et d’autres pratiquent plus les circuits courts et la vente directe.