La route en Corniche

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La rumeur raconte que c’est une des routes les plus chères du monde ou bien de France selon celui qui transmet. Cet ouvrage impressionnant entre océan et montagne semble être la limite de ce que l’homme peut réaliser pour se mesurer aux forces de la nature.

La route du littoral, plus communément appelée route en Corniche est un tronçon de la route nationale 1 à quatre voies qui relie les deux grands pôles économiques de la Réunion que sont Saint-Denis-de-la-Réunion et La Possession (voir la carte routière). Le chantier de cette route a commencé en février 1959 pour prendre fin le 1er juin 1963, jour de son inauguration. Les travaux ont largement été retardés par les difficultés de percement de la montagne, trop friable pour assurer la solidité des tunnels.

Il aura fallu apporter 1 500 000 m³ de roches pour réaliser la plate-forme de la route, percer 1 518 mètres de tunnel (dont seuls 320 m seront mis en service) et une note de 3 milliards cent millions de francs CFA pour réaliser ces 13 km de voie rapide. Depuis les années 60, le trafic ne cesse d’augmenter entre les deux villes et en 1973 de nouveaux travaux commencent pour livrer une 2×2 voies trois ans plus tard dès 1976. La voie de chemin de fer qui assurait la même liaison a été fermée cette même année.

Route de la corniche vue depuis le Barachois à Saint-Denis
Route de la corniche vue depuis le Barachois à Saint-Denis. Photo : Bruno Navez

Aujourd’hui c’est la route la plus utilisée de la Réunion et les embouteillages sont nombreux d’autant que les conditions de circulation ne sont pas des meilleures. La falaise qui surplombe la route est très friable et d’énormes blocs s’en détachent lors de fortes pluies. Aussi, la plate-forme qui soutient la route est sujette aux attaques de la houle océanique malgré la pose d’énormes tétrapodes de béton pour l’en protéger.

Dès la première année de mise en service, les fortes pluies sont la cause d’éboulements de la falaise. D’énormes filets métalliques, anciennes barrières anti-sous-marrin, ainsi que des barrières de protection et des projections de béton ont été ajoutées au cours des années. Les derniers travaux furent ceux de la pose, par des alpinistes, de filets anti-sous-marin datant de la seconde guerre mondiale sensés retenir les roches. Encore aujourd’hui, des voitures se retrouvent coincées sous les éboulis. C’est pourquoi les jours de mauvais temps la route est basculée, c’est-à-dire que voie intérieure est fermée et la circulation est reportée sur 2×1 voie provoquant d’énormes embouteillages. La DDE doit assurer une suveillence de tous les instants comme le prouvent webcams placées stratégiquement.

De son coté, l’océan ne manque pas d’envoyer ses embruns sur la route, rendant la chaussée glissante et la conduite difficile, voire impossible malgré la présence des tétrapodes de béton pour briser la houle. Cette protection a ses limites et lorsqu’un cyclone ou une tempête passe à au large de Madagascar, le temps est si mauvais à la Réunion que certains véhicules de retrouvent à l’eau.

Pour mettre fin à ces basculements par mauvais temps et faire face à la croissance du trafic, il a été prévu un nouvelle route du littoral donc plusieurs tracés ont été étudiés. Mêlant viaducs en mer et tunnels, cette nouvelle route devrait s’appuyer sur des digues suffisamment hautes et solides pour tenir face la houle. Cette nouvelle quatre voies serait doublée d’un train-tram nouveau transport collectif qui devrait soulager les réunionnais qui en ont assez des embouteillages (projet qui a hélas été abandonné depuis).

Les travaux de la nouvelle route du littoral ont commencé en 2014 pour une livraison prévue en 2018 mais de multiples malfaçons et autres problèmes ont repoussé l’échéance à 2023 au minimum. De plus, le développement d’infrastructures visant rejeter plus de CO2 dans l’atmosphère ne sont plus très à la mode et l’étendue des travaux a été réduite par rapport au projet initial.

Viaduc de Grande Chaloupe, Nouvelle route du Litoral à contre-jour
Viaduc de Grande Chaloupe, Nouvelle route du Litoral. Photo : Titiréunion

Cet ouvrage gigantesque et meurtrier est en tout cas un sujet de fierté et de discussion chez les réunionnais. Plutôt que de vous citer un ladilafé si la rout en corniss, je rappellerais une chanson de Michel Admette qui disait « Moin la peur mi di à ou, Pass’ la route en corniss’ ». Vous pouvez retrouver son sega dans son album BEST et les paroles sur le site de Daniel Lacouture.

Puisqu’en France, tout se termine en chanson, cet article est terminé.