La Case en Paille (kaz an pay)
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Les paillotes, ou kaz an pay remontent à l’origine du peuplement de l’île, dès 1665. A cette période, elles sont appelées huttes, boucans, cabanes ou « ajoupa », et elles sont recouvertes de différents éléments végétaux.
La population bourbonnaise de bas niveau social commeles petits colons, les métis et les noirs a adopté cet habitat en reprenant une méthode de construction largement inspirée des techniques apportées par les malgaches. Le 5 juin 1846, une ordonnance fixe la dimension de ces deumeures : longueur : 5 m, largeur : 3 m et hauteur : 2,50 m.
Pendant la période esclavagiste, on pouvait voir des paillotes sur les plantations, dans les « villes » ou regroupées dans les montagnes (dans les camps marrons). Les « kaz an pay » s’étendent sur toute l’île. Chaque habitant possède la sienne et la monte selon ses moyens. On peut dire que la paillote a été un type d’habitat modèle et est devenue la case la plus populaire.
Après l’abolition de l’esclavage, l’ordonnance de 1846 n’étant plus en vigueur, la paillote s’aménage. les habitants agrandisseent des pièces et les meublent. De nouveaux matériaux apparaissent comme la tôle. La cuisine souvent faite hors de la case en paille pour éviter les risques d'incendies peut rejoindre la case en tôle. Petit à petit, la vie s’organise autour de la cuisine au feu de bois, et de la basse-cour (élevage des poules, canards, lapins).
Au début du 20ème siècle, les paillotes sont progressivement remplacées par les cases en tôle. Ce n’est qu’à partir de 1960, qu’elles disparaissent du paysage réunionnais. De nos jours, quelques paillotes existent encore dans les hauteurs de l’île. A Salazie où le désir de sauvegarder ce patrimoine se fait ressentir. Ainsi, le souvenir du mode de vie de nos ancêtres pourra être perpétué.
Montage d'une paillote
Avant de monter la paillote, il existe deux étapes préalables très importantes qui consistent à défricher le lieu et aplatir le sol. Le terrain est prêt pour recevoir l’ossature de la case qu'on appelle la caisse.
La caisse
Les poteaux d’angles ainsi que les divers montants sont taillés puis brûlés à leur extrémité, pour obtenir une bonne résistance. Les poinçons en forme de fourche recevront la panne faîtière. (4.) Les poteaux de garniture ne sont pas indispensables mais assurent la stabilité et supportent le revêtement des murs.
Les poteaux sont enterrés dans des trous de 70 cm pour les poinçons (1) et les poteaux d’angles, 50 cm pour les poteaux de garniture (3). Planter les différents poteaux. Un cadre en bois est fixé au niveau du sol pour solidifier toutes les pièces. On y ajoute des jambes de force « zarkboutan » pour renforcer la structure.
Tous les bois utilisés sont des bois très durs et solides : bois de natte, bois fer , bois de Cilaos ,et bois de goyavier.
Les pièces horizontales sont ensuites ajoutées sur le pignon ou « tapénak » à environ 1,50 m du sol (bar d’ékartman) et par le linteau de la porte. « desu d’ port’ ».
Le toit
Ensuite a lieu la pose du toit à commencer par la panne faîtière « fétaz » consolidés par une jambe de force « bra d’fétaz » (9) entre les poinçons et la panne faîtière. Après quoi les sablières (sablièr) (10) sont posées sur les poteaux de la caisse, sur lesquelles reposeront les six premiers chevrons (11).
Le toit est terminé avec la pose des autres chevrons tous les 50 cm sur lesquels sont ligaturés des gaules (ou golèt) tous les 15 à 20 cm. Les gaules sont des tiges de bambou minces et longues. Elles servent de support aux bottes de pailles assurant la couverture.
La couverture
La couverture en paille se pose à la fin en commençant par le toit avant la caisse mais en partant du bas. La paille est préparée à l'avance parce qu'elle doit sêcher entre 5 à 10 jours avant d'être posée. Elle est ensuite posée par petites bottes de l'épaisseur d'une poignée. Chaque botte est cousue sur les gaules, verticalement, côte à côte en rangées successives sur les différentes parties. La partie la plus délicate à monter est le haut du toit. Sur la panne faîtière ou « fétaz » Les bottes sont pliées en deux et placées à cheval, c’est la faîtière qui sera maintenue par deux gaules.
La paille la plus utilisée à la Réunion est celle du vétiver dont les racines sont utilisées en parfumerie. La paille du vétiver ne doit pas trop jeune et doit être coupée au bon moment pour ne pas pourrir. Une grosse balle de vétiver permet de couvrir 1 m2 environ.