Quand la musique est Soan

2021
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On en trouve des infos sur Youtube. Je ne sais pas s’il faut croire tout ce qui y est diffusé mais au gré des clics on trouve des choses qui nous rappellent qu’on a un blog sur la Réunion qu’on n’a pas mis jour depuis longtemps. Aujourd’hui c’est un marmay de 12 ans à qui je dois cette mise à jour.

L’alliance des médias publics européens (EBU) est surtout connue pour le concours de chansons de l’Eurovision mais il y a d’autres contenus que l’agence produit ou organise avec ses partenaires. L’événement de novembre est à destination des enfants c’est l’opération #SayHi. Dans toute l’Europe une même chanson (dans plusieurs langues) et une même chorégraphie invite les enfants envoyer leur vidéo sur le thème de l’amitié.

J’ai d’abord découvert la version tchèque, Buď sám sebou mais aussi la version anglaise, Dynamite (produite par la RTE et la BBC) et enfin la version française : Ensemble plus forts.

Des filles font les gros bras dans un stade. chorégraphie de la chanson
Extrait du clip Ensemble plus forts sur okoo

En fait il y aussi des chansons de Norvège, Allemagne, Lituanie, Suisse, Italie et Espagne ; en tout 10 télés et radios qui participent l’événement, le 19 novembre, les jeunes de tous ces pays se sont filmés dansant sur cette musique avant de réaliser un superclip où ils disent bonjour #SayHi chacun dans leur langue.

On notera que seule la télévision française bloqué sa production pour les visiteurs d’autres pays… Une bien mauvaise habitude.

La chanson française, Ensemble plus forts, est chantée par le jeune Soan que je découvre grâce à cette campagne. Seul mec entouré de danseuses, je ne sais pas si c’est une référence aux clips de rap des années 90 ou à Claude François. Toujours est-il que je veux en savoir plus sur ce jeune homme et c’est en cherchant Soan sur Youtube que je suis tombé sur sa première télévision, deux ans plus tôt. Un maloya.

Le garçon de 11 ans interprète La pli y vé tombé de Jean-Claude Viadère dans la compétition The Voice kids sur TF1. Les quatre jurés sont rapidement convaincus et retournent leurs chaises vers le chanteur, tout de blanc vêtu assis sur un rouler avec son père qui l’accompagne au kayamb. Voilà un vrai maloya traditionnel réunionnais sous les projecteurs d’une émission à grande écoute. J’imagine la fierté des Réunionnais qui ont vu cette émission il y a deux ans. Pour ma part, je l’ai ratée et ce n’est que maintenant que je partage ce moment avec vous.

L’occasion de reparler de la culture de la Réunion et de ses musiques traditionnelles qui sont injustement si peu connues en métropole. En 2003 je présentais le maloya et les instruments de musique qui font l’identité de la Réunion. Comme tous les sites que je vous présentais alors ont disparu, il me reste à vous orienter vers les pages culture de ce site pour vous faire découvrir cette musique.

Le maloya est classé au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO depuis le 1er octobre 2009.
Histoire de la musique réunionnaise

Et en parlant de culture, revenons-en à notre chanteur Soan. En effet, si le but de la participation à the Voice est de repartir avec une renommée et un producteur (ce qui fut fait en remportant cette saison 2019), Soan n’était pas à ses débuts sur scène. Son père, qui l’accompagne humblement ce jour là sur le plateau de télé, n’est autre que Nono, alias Jeannick Arhimann, le chanteur du groupe Kiltir qui se produit depuis dix ans dans des fêtes kabaré, au festival Sakifo et dans tout l’Océan Indien.

Kiltir est un groupe familial, les membres sont des frères ou des cousins originaires de Saint-André. Son maloya rapide se veut traditionnel (Traditionèl mèm) et engagé. Les premiers titres parlaient d’esclavage et de marronage. Les derniers parlent de la famille avec papa et In momon en or. Dans Papa, Jeannick Arhimann parle de son père mais se montre aussi comme père avec Soan, Soan Arhimann qui y montre déjà sa maîtrise du rouler.

Aujourd’hui le jeune homme chante une campagne de l’Eurovision et a tourné un film réalisé par Gérard Jugnot ce qui agrandit sa renommée mais l’éloigne quelque peu du maloya. Cela dit, avec les racines qu’il a, je doute qu’il s’éloigne définitivement de son roulèr.



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