Le cirque de Mafate

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Mafate est l'un des trois cirques qui forment les régions montagneuses de la partie est de l'île. C'est le cirque le plus à l'ouest des trois et c'est aussi le seul cirque qui n'est pas une commune à part entière comme Cilaos ou Salazie. Il est situé sur les territoires des communes de Saint-Paul et de la Possession.

Vue en plongée sur le cirque de Mafate, vaste étendue montagneuse, verdoyante et accidentée entourée d'une caldeira ouverte au fond à gauche.
Vue générale du cirque de Mafate au printemps 2016, depuis le sommet du Grand Bénare. (Photo et légendes par Mamphi)

Il faut dire que le cirque de Mafate est le moins peuplé des trois. C'est le plus sauvage des trois cirques de l'île avec seulement quelques villages qui sont surtout des refuges pour randonneurs. Il est accessible uniquement à pied ou en hélicoptère. Les deux seules routes qui y mènent s'arrêtent sur le rempart à la limite du cirque.

Une route monte de Saint-Paul au Piton Maïdo. De là, on peut voir le cirque de Mafate en contrebas et aussi y descendre par un chemin très raide offrant de superbes points de vue sur le cirque. L'autre route mène à Dos d'âne. De là, un chemin descend dans la ravine de la rivière des Galets. Il est aussi possible de rejoindre le cirque en longeant la rivière des Galets plus en aval ou même depuis la Possession.

Vue en plongée sur deux vallées verdoyantes, une escarpée et accidentée à gauche et l'autre, escarpée à droite ou coule un filet qui serpente. Un piton s'élève au milieu.
Arrivée sur le cirque de Mafate par la rivière des Galets que l'on voit serpenter en contrebas. Au centre de la photo s'élève la crête d'Aurère dominée par le piton Cabris. (Photo par SIBONX)

L'accès est aussi possible depuis les cirques de Salazie par le col des Bœufs au nord ouest ou celui de Cilaos par le col du Taibit au sud. Ici aussi, l'accès de fait uniquement par des sentiers parfois abrupts et escarpés.

Le nom de Mafate

Le nom de Mafate vient vraisemblablement du malgache mahafaty qui signifie « mortel, qui tue ». Le relief accidenté et les éboulements dangereux pourraient expliquer ce nom.

Pour d'autres le cirque porterait le nom d'un esclave marron « Mafate » ou « Maffake » qui se serait établi au fond de la rivière des Galets. Son nom est évoqué par le poète Eugène Dayot mais aussi repris par l'historien Prosper Ève qui a étudié les esclaves de Bourbon. Le terrible chasseur d'esclaves François Mussard revendique avoir l'avoir tué au pied du Bronchard (en contrebas du Piton Maïdo).

Mais c'est l'installation d'une station thermale en 1953 du nom de Mafate qui, suite au développement du village de Mafate-les-eaux, donnera son nom au cirque.

Mafate-les-eaux

Le village de Mafate-les-eaux, planté sur un îlet qui accueillait une station thermale au 19e siècle. En 1853, un habitant découvre une source sulfureuse de faible avoisinant les 30°. Des thermes avaient déjà été installés dans les cirques voisins (en 1819 pour les sources chaudes de Cilaos et en 1831 à Salazie) alors l'idée vient rapidement de créer un établissement thermal dans le 3ème cirque. D’abord les curistes viennent en chaise à porteur par la route qui longe la rivière des Galets puis les bourgeois de Saint-Paul commencent à y installer des villégiatures. Cette activité draine une population d'employés qui forment la population permanente du village de Mafate-les-eaux.

Gravure noir et blanc montrant des maisons accrochées à la montagne dans une vallée boisée ou coule une rivière. Un homme se tient debout au premier plan, un bâton à la main.
Estampe d'Antoine Roussin, 1870 titrées « Établissement de Mafatte » (avec deux t) Vue prise depuis la terrasse de M. Millet de Fontharabie.

En 1913, un éboulement de la montagne emporte le village ainsi que l’établissement thermal et bouche la source. Le site est donc abandonné et les habitants vont vivre ailleurs. Quelques personnes ont dégagé l'accès à la source, mais un nouvel éboulement en 1930 a rendu le lieu inaccessible mettant fin à tout espoir de revoir naître des thermes à Mafate. La seule activité actuellement sur cette zone a été la redécouverte des hauts du village par une exploration archéologique en 2020. Cette partie n'avait pas été touchée par les éboulis mais difficile d'accès, elle avait été abandonnée. Aujourd'hui, il ne reste que la base des maisons ainsi que quelques plantes d'ornement qui ne poussent habituellement pas dans le cirque.

Le paradis de la randonnée

Randonneurs sur un chemin qui monte bordés d'arbres
Randonneurs à l'ombre des tamarins, sur le sentier de grande randonnée GR1 conduisant à l'îlet de la Nouvelle depuis le col de Fourche. (phpto: Bruno Navez)

Si aucune route ne mène à Mafate, il en est de même pour les réseaux téléphone et l'électricité. Seules des installations photovoltaïques domestiques dispensent les besoins des habitants. La plupart des maisons disposent de l'eau courante captée à l'une des sources à proximité.

Marlgré cet inconfort relatif et cette inaccessibilité, le cirque est fortement fréquenté par les touristes. Justement ceux qui cherchent l'aventure et le dépaysement. Le cirque est au cœur du parc national de la Réunion et les habitants des îlets sont les rares Réunionnais à vivre dans un cirque et sur le territoire du parc tous les jours de l'année.

Ceux qui viennent à la Réunion pour voir les pitons et les remparts comprennent vite qu'il n'y a pas mieux que de prendre les sentiers dans les cirques pour les admirer. L'économie de Mafate ne repose quasiment que sur l'accueil de ces touristes et de nombreux gîtes ou campings peuvent leur offrir le gîte et le couvert.

Cartes de randonnée de Mafate: carte 4401RT et carte 4402RT

À Mafate, la nature reste donc sauvage avec des paysages uniques classés à l'UNESCO depuis 2010, l'offre d'hébergement reste suffisante pour pouvoir rester le temps que l'on désire. Bref, c'est le paradis de la randonnée.